43 - enfanter aux pays bas
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Le respect de la qualité EILEEN KEASBERY mère de famille
(témoignage 1989)
accouchement aux Pays Bas - 4 aout 2007
photo extraite de
http://www.planete-elea.com/article-11724737.html
Accoucher à domicile - accoucher à l'hôpital :
Assez souvent, j'ai remarqué un sentiment d'étonnement de la part des gens étrangers avec qui je parle de mes accouchements à domicile. Cet étonnement est causé par « l'ignorance» (mes interlocutrices - ou interlocuteurs - ne sont pas au courant du système hollandais qui permet de pouvoir choisir entre accouchement à la maison et accouchement à l'hôpital) ou bien il est lié à l'idée « que je dois bien avoir du courage, de préférer accoucher à domicile...» Cet étonnement est bien compréhensible, puisque mes interlocutrices sont élevées dans et imbibées d'un système différent du nôtre - du moins en ce qui concerne les soins dispensés à la future maman. Il est bien normal qu'elles aient des problèmes à vraiment comprendre pourquoi beaucoup de femmes hollandaises trouvent tellement important de pouvoir mettre au monde leurs. bébés à l'intérieur du foyer familial, donc pourquoi elles insistent tant sur la liberté de pouvoir choisir entre les 2 possibilités: accoucher à la maison ou bien à l'hopital avec l'aide d'une sage-femme.
J'ai accouché à l'hopital et à domicile
Je veux bien essayer d'expliquer la situation en Hollande, de donner des « arguments» pour la naissance à la maison et de démontrer qu'il ne s'agit pas d'une sorte de courage, mais que pour moi, ainsi que pour beaucoup de femmes hollandaises, c'est plutôt une question de qualité de préférer accoucher à domicile.Pour me situer un peu: je suis une femme hollandaise, professeur de néerlandais et de français, 37 ans au moment où j'écris ces lignes, mère de 3 enfants dont l'aînée est née à l'hôpital (car j'avais eu des problèmes gynécologiques avant cette grossesse-là); les deux autres sont nés à l'intérieur de notre foyer familial. Je tiens à dire que je ne suis pas sage-femme ou médecin, mais seulement une femme très intéressée à tout ce qui concerne la naissance.
Tout d'abord, il faut souligner que le désir de pouvoir accoucher à domicile ne fait pas partie d'une sorte de « mouvement de retour à la nature» - ce qui suggère une sorte de «hors-réalité» parfois insensée. Il y a en Hollande un système où la femme pour qui la grossesse se développe tout normalement (dans le sens de «sans problèmes») choisit elle-même d'accoucher à la maison ou bien à l'hôpital, avec l'assistance d'une sage-femme. Si elle préfère accoucher à l'hôpital, elle n'utilise que la salle d'accouchement et rentre chez elle 24 heures après la naissance. Les assurances ne payent d'ailleurs pas les frais de cette hospitalisation de 24 h pour un accouchement; elles payent seulement l'hôpital s'il y a quelque raison médicale (ou sociale). Sinon, c'est à ses propres frais qu'on accouche ou séjourne à l'hôpital, ce qui est déjà une bonne indication que l'Etat a parfaitement confiance en ce système de sages-femmes libérales qui tiennent leur cabinet, font les contrôles au cabinet de consultation, aident à faire naître le bébé à domicile et qui se servent de la salle d'accouchement seulement si la femme en question l'a choisie comme endroit convenable pour accoucher. Il s'agit donc ici de grossesses normales et de naissances normales. S'il y a quelque chose qui ne va pas (le bébé ne pousse pas assez; la tension est trop élevée; le délai de 2 semaines après la date à terme est dépassé, etc...), la sage-femme a le devoir de confier la femme enceinte au gynécologue/ obstétricien... et alors là, les assurances payent les frais du médecin spécialiste, etc...
Nous, les femmes qui préférons accoucher à la maison, ne sommes pas si bêtes pour refuser les techniques modernes des hôpitaux, dans le cas où il pourrait y avoir des complications malgré une déception certaine de n'avoir pu mener à bonne fin l'accouchement idéal... !
j'espère vivement que ces quelques mots pourront vous aider à mieux comprendre qu'ici, en Hollande, on ne décide pas finalement d'accoucher à la maison, mais que c'est plutôt le contraire: il y a des raisons pour lesquelles on décide finalement d'accoucher à l'hôpital.
Accoucher à domicile c'est une question de qualité
Et alors, pourquoi vouloir accoucher à la maison? C'est plutôt une question de qualité, de la qualité de la vie: j'ai la conviction qu'accoucher à l'hôpital est bien, accoucher chez soi est mieux, si tout se passe normalement. Et d'où vient cette conviction? J'énumère quelques avantages:
- * Le contact entre femme enceinte et sage-femme est plus personnel, plus « personnalisé» : Les sages-femmes sont 2 (ou 3) à tenir leur cabinet; pendant la grossesse j'y passe plus ou moins 12 fois; il y a donc la possibilité d'établir une relation personnelle entre nous : je sais d'avance que l'une de ces 2 (ou 3) m'aidera pendant l'accouchement. Par contre, à l'hôpital, on ne sait pas qui sera de service au moment de la naissance.
- *En plus, je peux emmener mes enfants (et mon mari) aux consultations prénatales - ce qui aide à rendre la naissance plus réelle, plus «tangible» pour eux (surtout pour les enfants, c'est important !). A l'hôpital, ceci n'est pas interdit, mais c'est quand même moins « fait », moins normal. Pour mes deux enfants Renske et Bart, c'est grâce aux visites chez la sage-femme qu'ils ont pu se familiariser avec l'idée qu'un bébé pousse dans mon ventre et qu'il y aura un changement à l'intérieur du foyer familial par sa naissance.
- * La naissance à la maison assure une ambiance bien connue et familiale: La femme est maître (maîtresse!) de la situation, elle reçoit chez elle la sage-femme et peut-être des ami(e)s pour assister à la naissance, c'est elle qui fait «le boulot»: elle garde jusqu'à la fin son rôle actif. Les deux fois où j'ai accouché à la maison, je me suis sentie beaucoup plus sûre de moi qu'au moment de la naissance de ma fille aînée à l'hôpital sous la super-
vision de l'obstétricien.
A l'hôpital, on est plus « patiente », plus personne malade qui vient demander de l'aide médicale, plus passive, même plus « victime» : on arrive à l'hôpital, l'infirmière vous indique une salle d'accouchement, c'est tout blanc, ou tout au plus gris, c'est plus stérile au sens figuré du mot (et bien sûr au sens littéral aussi, et c'est bien nécessaire étant donné qu'un hôpital est un endroit favorable aux microbes, etc...); il faut se mettre en pyjama, au lit, etc... ; des inconnus entrent et s'en vont... Alors, très souvent, les contractions diminuent ou s'arrêtent même complètement: ces choses-là « dérangent ».
A la maison, par contre, on peut faire ce qu'on a envie, jusqu'au moment où on sent le besoin/l'envie de se coucher (ou de prendre place sur le tabouret d'accouchement «Birthmate ») (1).
Même chose après la naissance - il y a le règlement de l'hôpital, le personnel décide de ce qu'il faut faire avec le nouveau-né, on vous cède tout juste un petit moment votre bébé pour «l'enlever» ensuite afin de faire les choses dites nécessaires.
Quant au mari, il se sent plus utile à la maison, on ne le « tolère» pas comme à l'hôpital, mais il joue un rôle actif.
A l'hôpital, la naissance est plutôt médicalisée,' la femme est plus sujette à des soins systématiques, même sans raison évidente: A l'hôpital la femme risque de devoir subir des choses techni ques, même si ce n'est pas nécessaire (par exemple, les fils que l'on pose sur la tête du bébé pour enregistrer son activité cardiaque, ce qui n'est pas du tout nécessaire dans des situations normales et qui immobilise la mère," il y a pour cela le «doptone mobile », petit appareil moins dérangeant). Même chose pour les médicaments narcotiques distribués assez facilement. Il ne faut pas oublier que c'est une habitude bien humaine de se servir plus facilement et plus vite des techniques, du moment qu'on les a «en stock », même si ce n'est pas nécessaire. Les hôpitaux doivent bien fonctionner, donc pourquoi ne pas faire ceci ou cela, puisque aussi ça remplit les caisses... ?)
- * Ne pas quitter le foyer familial est certainement mieux s'il y a déjà d'autres enfants. Surtout quand on a déjà des enfants, c'est plus agréable et certainement mieux pour les enfants de ne pas quitter le foyer familial pour rentrer par la suite. Avec un bébé nou- veau, le choc est déjà grand. Il est sans doute plus grand si la bonne, la chère maman quitte ses enfants pour revenir avec un petit «concurrent» qui demandera ensuite toute l'attention des parents! En outre, beaucoup d'hôpitaux ne permettent pas que les enfants rendent visite à la mère, ou tout juste pendant bien peu de temps - l'hôpital, c'est moins un événement joyeux vécu par toute la famille.
- * Les soins postnatals qu'on donne à la maison sont plus personnels, mieux adaptés aux besoins individuels du couple (ou de la mère, si elle vit seule...). En Hollande, il y a ce système où une kraamverzorgster (aide familiale «élargie ») vient à la maison pendant 8 à 10 jours. Ces femmes-là s'occupent de la mère et du bébé, du ménage et des autres enfants, s'il y en a. La mère peut donc bien se reposer, s'accoutumer à la nouvelle situation et à son bébé, recevoir ses amis qui viennent voir le nouveau-né. A part ça, il y a la sage-femme qui passe plus ou moins 5 fois pendant les IO premiers jours pour «inspecter» maman et bébé, pour donner des conseils, surveiller que tout se passe bien (sinon, encore une fois, elle fait le contact entre le gynécologue/pédiatre et la mère).
Si d'ailleurs au moment de la naissance tout ne se passe pas comme il faut, la sage-femme prévient par téléphone l'hôpital, et, dès que l'on arrive, obsté-
tricien et pédiatre sont déjà là pour nous accueillir. On est, chez nous, tellement habitué à ce système complémentaire d'accouchement à la maison et d'accouchement à l'hôpital que ça ne pose pas de problème.
Les sages-femmes «indépendantes» ont leur « entrée» dans chaque hôpital. Généralement, les sages-femmes sont plus compétentes pour aider à mener à terme grossesse et naissance normales que les gynécologues, qui sont, eux (ce sont surtout des hommes), plutôt plus expérimentés dans les cas pathologiques, du moins chez nous en Hollande.
Il y a des motifs pour lesquels une femme décide d'accoucher à l'hôpital, aussi dans une situation «normale» Ge ne parle donc pas ici des indications médicales), par exemple: - situation un peu pénible de la maison (troisième étage; escaliers raides; pas d'eau chaude; maison éloignée d'une demi-heure de l'hôpital le plus proche; pas de téléphone chez soi, etc...) - premier accouchement pour une femme âgée de plus de 35 ans, - naissance précédente qui a connu des complications, -le sentiment subjectif que la femme a de se sentir plus en sécurité à l'hôpital qu'à la maison.
C'est dans ces cas-là que la femme décide d'accoucher à l'hôpital et de retourner à la maison 24 heures après.
Ces raisons d'accoucher à l'hôpital sont parfaitement légitimes et peuvent être discutées avec tous les gens compétents: la femme, son mari ou partenaire, la sage-femme, le généraliste, les médecins à l'hôpital. Mais si tout se passe comme il faut, l'accouchement à la maison est bien chose normale grâce à la parfaite formation des sages-femmes, à la distribution bien répandue de «l'éducation prénatale» préventive et aux accords de coopération assez harmonieux entre hôpitaux et sages-femmes indépendantes.
Ce n'est donc pas une question de courage de vouloir accoucher à la maison, c'est simplement question de qualité: mieux vaut me savoir entourée de tout ce qui m'est cher, parce qu'ainsi le « déroulement natal» naturel est le moins dérangé par des influences de l'extérieuf...
PS: Je me sers souvent de l'expression concurrence saine pour expliquer la situation qui existe ici en Hollande entre gynécologues et sages-femmes. Je l'appelle saine, parce que c'est à cause de la compétence des sages-femmes (qui sont plus susceptibles que les gynécologues de répondre aux désirs des femmes enceintes) que les hôpitaux sont bien obligés de mieux tenir compte de la volonté de la femme en train d'accoucher. Par conséquent, les hôpitaux aussi deviennent, de plus en plus, des endroits «humains» pour accoucher.
Si ce système de libre choix (pour la naissance physiologique soit 95% des accouchements) disparaît, la Hollande risque bien de s'américaniser en ce qui concerne la naissance: accoucher aux heures de bureau, médicaments pour faciliter les choses, etc. On accoucherait «aux heures de bureau» et vite grâce aux médicaments pour déclencher et activer les choses, etc. Ce serait dommage! Mais la sagesse des Néerlandais éviterait cela.
Extrait du livre - ENFANTER le lien mère/enfant/père - publié par J.Bessonart pour sages-femmes du monde - editions Frison Roche Paris
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(1) Tabouret d'accouchement conçu par les sages-femmes néerlandaises pour aider les mères dans la naissance verticale.
BIRTH MATE ou tabouret d'accouchement pour faciliter la naissance verticale de l'enfant et diminuer les douleurs de la mère
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témoignage de Stéphanie Van den Berg (http://www.planete-elea.com/article-11724737.html)
LA HAYE (AFP) - 09/08/07 - Une statistique particulière distingue les Pays-Bas des autres pays occidentaux: on y trouve le plus haut pourcentage d'accouchements à domicile, méthode soutenue par le système de santé... et prisée par les futures mères.
Avec un tiers des naissances à domicile assistées par des sages-femmes, les Néerlandais vont à contre-courant d'une pratique jugée ailleurs dépassée et risquée.
"Les Pays-Bas ont le plus haut pourcentage de naissances à la maison parmi les pays développés", déclare à l'AFP Sjaak Toet, accoucheur à Rotterdam et président de l'association néerlandaise des sages-femmes (KNOV).
Quelque 30% des femmes néerlandaises accouchent à la maison, 60% à l'hôpital, et les 10% restants dans des polycliniques spécialisées qu'elles quittent immédiatement après avoir donné naissance.
Ces chiffres contrastent avec ceux de pays tels que l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, la Belgique et les pays scandinaves, où seul 2% des naissances ont lieu à la maison.
"C'est une question d'attitude, nous sommes terre-à-terre. Les femmes me disent: +tous les enfants de ma mère sont nés à la maison et tout c'est toujours déroulé sans problèmes. Pourquoi irais-je à l'hôpital ?+, explique M. Toet.
Les accouchements à domicile aux Pays-Bas se font sans péridurale ou autre anti-douleur. "Seuls les médecins sont habilités à les administrer", explique M. Toet.
Selon l'approche néerlandaise, la grossesse n'est pas une maladie et les assurances-maladie ne couvrent l'entierté des frais d'hôpital qu'en cas d'impératif médical.
La plupart des femmes sont satisfaites du système, bien que certaines jugent qu'elles sont trop livrées à elle-mêmes.
La maison et l'hôpital ont chacun leurs avantages, selon Laura Westendorp. Agée de 33 ans, cette mère de deux enfants a connu les deux systèmes.
La naissance de sa fille Lisa (2 ans) était "très sereine, très belle. Nous avions mis de la musique et des chandelles".
Ikar (11 mois) est né à l'hôpital. "Sa naissance n'était pas très intime, plus clinique", mais la proximité des soins et de l'aide, au cas où une complication se serait produite, était rassurante.
"Les femmes estiment généralement qu'accoucher à la maison est plus confortable car elles n'ont pas à se précipiter à l'hôpital pour y accoucher en vitesse et rentrer ensuite à la maison après une douche rapide. Aux Pays-Bas, s'il n'y a aucune complication pour le bébé ou la maman, ils sont renvoyés chez eux le jour même", indique M. Toet.
Selon le ministère de la Santé, les Pays-Bas ont toujours encouragé les naissances à la maison, estimant que ce qui peut être accompli en dehors de l'hôpital doit l'être. "Le système tente de ne pas médicaliser la naissance", selon sa porte-parole Ellen Timmer.
Près de la moitié des femmes qui ont opté initialement pour l'accouchement à la maison finissent par aller à l'hôpital, car les accoucheurs les y envoient dès le moindre signe que quelque chose pourrait ne pas se passer comme prévu, pendant la grossesse ou lorsque le travail à commencé.
Branwen Spence, 40 ans et maman de Dylan (5 semaines), est heureuse d'avoir finalement accouché à l'hôpital.
Ce n'est qu'alors que le travail avait déjà commencé qu'elle a compris que la sage-femme ne pourrait pas lui administrer d'anti-douleur. Malgré la décision de la transférer, quatre hôpitaux l'ont refusé, arguant que les péridurales ne sont administrées que pendant les heures de travail.
"Je ne vois pas la grossesse comme une maladie, mais selon moi, les sages-femmes voient cela trop comme une routine", dit cette ancienne infirmière.