ENFANTER LE LIEN - MERE - ENFANT - PERE- jeannette Bessonart

ENFANTER LE LIEN - MERE - ENFANT - PERE- jeannette Bessonart

270 - chez soi aux Pays Bas


page270 - chez soi aux Pays Bas

La place de l'accouchement chez soi 
dans l'obstétrique contemporaine aux Pays-Bas 

Pr G.J, KLOOSTERMAN obstétricien 



     Presque chaque homme est irrésistiblement attiré par les phénomènes de grossesse et d'enfantement qui excitent sa curiosité. La raison en est que, vraisemblablement, c'est uniquement par la procréation que l'homme se sait un maillon dans la grande chaîne de vie qui commence bien avant sa naissance et se prolonge bien après la mort. 

     Pour l'homme matériel, c'est quand même une manière d'avoir sa part dans une sorte d'éternité. Il n'est donc pas surprenant que toutes les grandes religions se sont toujours intéressées au processus de la naissance et à sa nature; que les philosophes y ont réfléchi et que les artistes ont exprimé dans les Beaux-Arts la représentation de la mère et de l'enfant, ou bien celle du trio père-mère-enfant. 

     Le fait que la curiosité de l'esprit humain est toujours excitée par la grossesse et l'enfantement, et le désir de l'homme d'en savoir plus, ont certainement eu des conséquences favorables puisqu'on leur doit l'origine de toute la science obstétricale. 

     Mais cette curiosité de l'esprit humain comporte aussi des inconvénients. Les hommes ne sont pas seulement avides de connaître et enclins à étudier ce qui a excité leur esprit: ils sont aussi très indiscrets en se mêlant de choses qui ne les regardent pas. Et la plupart du temps, cette indiscrétion ne connaît pas de limites. Ainsi constate-t-on un désir de jouer un rôle régulateur dans le processus des naissances, et même l'ambition de se substituer en quelque sorte à la nature, en agissant à la place de la femme pour pouvoir s'attribuer l'honneur de l'enfantement. 

     Il est vraisemblable qu'il y a plus de vérité que l'on pense dans ce qu'affirmait Margaret Mead quand elle disait que la civilisation, dont la majeure partie est l'œuvre d'hommes, est née de la jalousie de l'homme à l'égard de la femme, parce que la femme était capable d'enfanter, et donc de perpétuer le genre humain. Entre les sexes, il existe indiscutablement une lutte de primauté, une compétition de prééminence. La mythologie et les fables nous en fournissent de nombreux exemples. Que l'on songe seulement à la naissance d'Athéna par le cerveau de Zeus. 

      Les hommes ont souvent comparé la création d'œuvres d'art ou la production d'ouvrages scientifiques à l'enfantement d'un être humain. Il n'y a pas de mal à cela tant que cela ne dépasse pas l'analogie de la comparaison. Mais quand on voit que, depuis un millénaire, le développement de l'obstétrique a connu des hauts et des bas et que dans cette science, on peut distinguer plusieurs périodes d'évolution dans lesquelles l'obstétricien n'est pas un bienfaiteur mais un danger pour la future mère, c'est bien la preuve que l'intérêt de l'obstétrique présente deux faces, deux aspects différents; L'intérêt qu'elle manifeste à l'égard de la grossesse est une bonne chose; un intérêt exagéré peut être dangereux. 

     Au siècle dernier, l'endroit le plus sûr pour enfanter, sous la direction d'une sage-femme, était la maison. Et il n'y avait pas au monde d'endroit plus dangereux pour accoucher que l'hôpital universitaire de la plus célèbre académie de cette époque, celle de Vienne (Autriche), où la mortalité des mères dans certains mois de l'année s'élevait à 20 %. 


     Aujourd'hui, nous célébrons comme une grandiose révélation le fait que Semmelweis a découvert que cette mortalité épouvantable était imputable aux médecins qui transmettaient des germes d'infection aux parturientes! Il s'agit en effet là de l'une des plus importantes découvertes faites en médecine, mais c'est en même temps l'aveu que, jadis, des fautes graves ont été commises. Il faut donc que nous soyons très prudents et que nous ne considérions pas, sans plus, certaines conceptions de l'obstétrique contemporaine comme des progrès. Parfois, il apparaît, plus tard, que l'introduction de nouveautés s'est accompagnée de nouveaux dangers. 

     Loin de moi la pensée de dénigrer l'obstétrique, bien au contraire. Jamais, le monde n'a connu un temps où l'enfantement pouvait se dérouler avec plus de sécurité. Plus grande que jamais est la possibilité d'aider les femmes, souffrant d'un rétrécissement du bassin ou d'anomalies congénitales, à mettre un enfant en bonne santé. Mais ce que l'on perd parfois de vue, c'est que le progrès sans pareil de l'obstétrique ne profite qu'aux femmes affectées de quelque anomalie, telles que les femmes au bassin rétréci, les femmes connaissant une grave malformation du système vasculaire ou les femmes portant le fœtus en position transversale (bébé se présentant par l'épaule) ou accusant d'autres anomalies, ainsi que les femmes enceintes de plusieurs enfants à la fois: toutes ces femmes peuvent bénéficier de l'impressionnant progrès de l'obstétrique. 

     Mais elles ne sont qu'une minorité. 

     Pour au moins 80 % de toutes les futures mères, ce progrès ne sert à rien, ne signifie rien. Pour la simple raison que, sans ce progrès, elles savent faire leur affaire, elles deviennent normalement enceintes, restent normalement enceintes, commencent normalement leur enfantement et sont parfaitement capables d'accoucher. Pour ces 80 % de femmes, le progrès de l'obstétrique consiste seulement en ce qu'elles savent que, si jamais il devait se produire quelque chose d'insolite pendant l'enfantement, elles pourraient faire appel à cette science. C'est une pensée rassurante. 

     Un autre progrès important de l'obstétrique contemporaine est le contrôle régulier de la grossesse permettant, dès le début, de constater d'éventuelles anomalies. Plus important encore que le contrôle lui-même (ce que l'on oublie souvent) est le fait psychologique de l'examen qui signifie pour la majorité des femmes une parole rassurante: «ça va merveilleusement bien avec vous ». Ce sont là des coups de pouce de soutien que le contrôle régulier permet de donner aux femmes et qui sont loin d'être insignifiants. Et cette aide est quelque chose dont bénéficient aussi les femmes ne connaissant aucune anomalie. 

     Considérant ainsi l'évolution de l'obstétrique, nous sommes frappés par le phénomène surprenant que, depuis la deuxième guerre mondiale, il existe non seulement dans tout le monde occidental mais aussi dans les pays communistes, une très forte tendance à concentrer tous les enfantements dans un hôpital. Et quand on insiste pour connaître les arguments scientifiques en faveur de l'hôpital, il s'avère qu'il n'yen a pas! Les seuls « arguments» en faveur de l'accouchement à l'hôpital sont de nature émotionnelle, le sentiment qu'à l'hôpital aucun méfait ne peut nous arriver; que l'on y est en sécurité; on y a tout sous la main; on ne sait jamais ce qui peut arriver lors d'un enfantement... 

     Il ne reste pas moins vrai que la plupart des gens ne tirent aucun profit de l'existence d'un hôpitaL Quelle importance! dit-on encore. Si une femme désire enfanter, qu'elle le fasse où elle le désire, même dans un hôpital. La grossesse et l'enfantement sont des processus naturels, des evénements de la nature qui se déroulent de la même façon depuis des millénaires. Pour illustrer mes propos, je vais vous montrer quelques diapositives. 

      Voici une représentation qui a 500 ans et qui se trouve insérée dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale de Paris. Vous y voyez l'essentiel du mariage chrétien. En récompense des activités que l'homme et la femme ont accomplies au lit, le Père, le Fils et le Saint-Esprit leur envoient un bébé. Le bébé est envoyé avec tant  de force que la flamme du cierge en vacille !!! Je voudrais particulièrement attirer l'attention sur les visages des deux acteurs. On voit que la femme veut dire: «je savais bien que cela se passerait ainsi », tandis que le visage de l'homme exprime un grand étonnement. Cette image nous révèle entre l'homme et la femme, une différence qui, 500 ans plus tard, est peut-être moins sensible, mais qui, à mon avis, existe toujours. 


      Dans la procréation, la femme sait par intuition comment cela se passe. L'homme, lui, est plus intéressé par la sexualité que par la procréation. Tandis que dans le passé, il était impossible de séparer les deux notions, cette séparation n'est plus impossible aujourd'hui. C'est pourquoi la plupart des grossesses de nos jours ont été l'objet d'une planification et constituent donc un événement dans lequel l'homme est plus intéressé que jadis. J'espère que cette évolution va se poursuivre. 

     Mais la différence entre l'homme et la femme à l'égard de la procréation se révèle aussi dans les attitudes des professionnels. Il y a toujours une différence entre la sage-femme compétente et la gynécologue compétente (ou le gynécologue compétent). La (le) gynécologue se consacre surtout à la recherche d'anomalies à éliminer; pour la sage-femme, la plus grande fierté est le déroulement normal de l'enfantement dans lequel la parturiente elle-même a accompli le travail. A mon avis, cette différence existe encore aujourd'hui, et c'est même ce sur quoi toute bonne organisation de l'obstétrique doit être fondée: deux branches professionnelles, à savoir la (le) gynécologue qui se penche sur la pathologie des 20 % des femmes ayant besoin de ses services; la sage-femme (et dans certains cas le médecin de famille) qui se penche sur les femmes en bonne santé qui n'ont besoin que d'un soutien moral, d'un témoignage d'intérêt ou d'une parole rassurante, mais qui pour tout le reste savent mener leur barque toutes seules. 

     Si nous revenons maintenant à la problématique: « Pourquoi des enfantements à la maison en ces temps modernes? Pourquoi pas pour tout le monde l'enfantement à l'hôpital, car après tout, si la femme elle-même doit faire tout le travail de l'enfantement, elle peut aussi bien le faire dans un hôpital, et, s'il devait lui arriver quelque chose de Iacheux pendant son accouchement, elle se trouverait déjà là où il faut» ; il s'avère que cette position n'est pas aussi plausible que beaucoup de gens le pensent. 

     Car un hôpital (en néerlandais «maison pour malades »)  n'est pas un hôpital pour rien. C'est à bon droit une maison pour malades où il existe nécessairement des règles. Dans un hôpital, on ne saurait laisser se développer des situations «chaotiques ». Il faut que le travail s'y fasse convenablement, ponctuellement et proprement. Il faut une discipline, une hiérarchie de fonctions. La femme qui entre
dans un hôpital pénètre dans un autre monde, où elle ne peut plus être elle-même de la même façon que chez elle, dans sa propre chambre. Si une femme enfante chez elle, dans sa propre chambre, avec l'aide du médecin de famille ou de la sage-femme, ces derniers sont ses invités, à elle. Ce sont eux qui doivent lui demander où sont les couches, où se trouve la cuisine, où ils peuvent se procurer de l'eau chaude, et c'est elle qui dirige en indiquant tout cela. Mais dès son entrée dans un l'hôpital, elle est une invitée dans un environnement qui lui est étranger. C'est elle qui doit demander si elle peut prendre son petit déjeuner. Elle doit demander à quelle heure on viendra lui faire sa toilette, elle attendra et verra bien si on lui apporte ses médicaments. Elle doit demander s'il lui est permis d'aller elle-même aux toilettes et demander où celles-ci se trouvent. C'est ainsi que l'hôpital lui prend irrévocablement une part d'elle-même, la prive d'une part de son indépendance. 

     Dans un pays où les enfantements à la maison sont encore acceptés par les pouvoirs publics et par la discipline médicale, la femme a le choix. Elle peut alors, si l'hôpital ne lui plaît pas, rentrer chez elle. L'hôpital dans un tel pays, devient une institution familiale. Mais l'hôpital auquel nul ne peut échapper en raison du monopole qu'il s'est acquis devient un réel danger pour le bien-portant. Car un tel hôpital, qui ne connaît pas de concurrence et qui ne risque pas de rester sans clients, ne connaîtra plus que le règlement. Il y a déjà beaucoup de ces hôpitaux qui (quand un couple bras dessus, bras dessous, y entre, la femme éprouvant les contractions de l'enfantement) disent au mari: « Monsieur, vous n'avez qu'à aller dans la salle d'attente », et à l'épouse: «Madame, veuillez aller à la salle de bains ». Et quand le mari proteste et dit qu'il veut rester auprès de sa femme, il y a beaucoup d'hôpitaux où on lui dit: « Monsieur, cela n'est pas possible, cela ne va pas ». Et quand la femme se trouve finalement dans la salle de bains, il y a beaucoup d'hôpitaux où elle doit subir un rasage de l'abdomen. Et quand la femme dit: <de ne veux pas être rasée », on lui répond: «Nous vous conseillons vivement de vous laisser faire quand même ». Il y a déjà beaucoup d'hôpitaux où l'on impose immédiatement un lavement à la femme qui n'était venue que pour accoucher d'un bébé. Quand elle formule des objections contre ce lavement, on lui répond par un rappel au règlement. Et quand la femme, ayant surmonté son horreur de ventre rasé et son aversion du lavement imposé, désire quand même enfanter à l'hôpital, on lui dira qu'elle doit rester couchée. Quand elle proteste en disant qu'elle préfère faire quelques pas dans le couloir, on lui dira d'emblée que cela est strictement interdit par les règlements. 

     Puis il y a aussi les hôpitaux où la parturiente est obligée de pousser, tout en étant couchée sur le dos, les jambes fixées dans des étriers: c'est la position la plus anormale, la plus défavorable, la plus aberrante que l'on puisse s'imaginer pour évacuer quelque chose en poussant. Toute personne normalement constituée pousse en position accroupie, en position assise ou, s'il le faut, debout; mais jamais couchée! Je voudrais bien soumettre ce problème à celui qui souffre de constipation! La chaise d'accouchement au XVIIe siècle, la position assise dans les bras du mari ou de l'assistante, des attitudes instinctivement adoptées dans le monde entier, sont beaucoup plus logiques et, comme la recherche médicale l'a constaté, bien meilleures pour la mère et l'enfant, en permettant le déroulement non entravé de l'accouchement. 

     Quand finalement le bébé apparaît, il y a encore des hôpitaux où il est de règle que la parturiente soit coupée. En Allemagne, il y a eu une violente dispute à ce sujet, qui s'est terminée par un accord disant que les femmes turques en ce pays étaient dispensées de l'obligation de se laisser couper la vulve. Ces femmes de travailleurs immigrés avaient provoqué un tel tumulte que les «défenseurs des ciseaux» ont dû capituler. Mais toutes les autres primipares sont obligatoirement coupées. 

     Lors donc que l'enfant est né et que la mère désire prendre son enfant dans ses bras, on lui dit dans certains hôpitaux: « Attention, madame, ne touchez pas, c'est sale ». Les mains de la mère sont sales, croit-on, car le médecin et la sage-femme portent des gants en caoutchouc - pas la mère! Pourtant, plus tard, on constatera que les bactéries de la mère se retrouvent certainement sur l'enfant et, en outre, que l'enfant, par l'intermédiaire du placenta, avait déjà reçu les anticorps indispensables contre les bactéries. Donc: la seule personne qui ne soit pas « sale» pour l'enfant, c'est la mère! Toutes les autres personnes sont dangereuses, les infirmières, les médecins, tous ceux qui « se baladent» dans un hôpital sont des porteurs de bactéries, lesquelles, souvent, sont résistantes à la plupart des antibiotiques. 


     Le nouveau-né ayant été bien regardé - parfois il se trouve déjà placé dans un berceau - est transporté dans une garderie (de jour, parfois même garderie dépôt de jour et de nuit) pour bébés. La mère n'est autorisée d'avoir son bébé auprès d'elle que si elle tient absolument à l'allaiter elle-même, et, dans ce cas, on lui apporte son enfant 6 fois pas jour; après chaque allaitement, le bébé est ramené au dépôt parmi les autres bébés. Et l'on ose défendre semblable organisation par l'argument que tout cela est plus hygiénique, alors qu'il n'y a rien de plus anti-hygiénique que cette façon de faire! 

     La mère et l'enfant s'appartiennent et constituent une sorte d'unité. La rupture de cette unité après la naissance est psychologiquement et bactériologiquement encore plus dangereuse que le fréquent transport du bébé dans un local où il peut échanger des bactéries avec d'autres bébés, d'autres infirmières, avant de revenir chez  sa mère pour un nouvel allaitemenL Il n'existe aucun argument scientifique pour une telle pratiqueo 

     Une solution serait qu'à l'hôpital on comprenne qu'une femme en bonne santé qui enfante elle-même son bébé ne demande rien d'autre à 1'hôpital qu'un service hôtelier; que cette femme devrait avoir à l'hôpital la même liberté qu'à l'hôtel; qu'elle devrait pouvoir faire ce qu'elle veut et aller où elle veut. Mais de telles dispositions hôtelières n'existent presque pas dans un hôpital. Aussi est-il pratiquement impossible - eu égard à d'autres hôtes qui, eux, sont devrais malades - qu'à trois heures du matin on ouvre la porte de 1'hôpital pour 1'époux qui voudrait encore dire quelques mots à sa femme ou qui sentirait le besoin de revoir le bébé un instant. Toutes ces choses si naturelles et évidentes sont possibles à la maison, impossibles dans un hôpital. En d'autres termes: des différences irréductibles continuent d'exister entre la maison et l'hôpital, des différences qui, toutes, reviennent à une diminution de la conscience de soi chez la femme, à un affaiblissement du respect de soi-même et à une perte d'autonomie, parce que dans un hôpital, la femme mettant un enfant au monde est elle-même réduite au monde de 1'enfant. 

     On a beau dire que cette hospitalisation ne fait problème que pour certaines personnes seulement, pas pour la majorité. Non! Nous pouvons démontrer le contraire. En effet, tandis que les résultats de l'obstétrique, par suite de l'hospitalisation totale, ne sont pas améliorés, les mêmes statistiques montrent à l'évidence que le nombre d'accouchements« artificiels », dans les pays où l'hospitalisation est totale, s'accroît d'année en année; et que dans la plupart de ces pays, ce nombre est actuellement 3 à 4 fois plus élevé que dans un seul pays, où l'on compte encore 34 % d'accouchements à la maison: la Hollande (40 % en 1988). 

     Aux Pays-Bas (la Hollande), le nombre des accouchements artificiels est élevé: 10 %, mais aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne occidentale, en Suède et en Grande-Bretagne, ce nombre s'élève à 40 %, donc 4 fois plus élevé! 

     Au cours des dix dernières années, le nombre des césariennes pratiquées aux Pays-Bas a doublé, passant de 2 % à 4 %. Mais aux Etats-Unis et au Canada, on est à 20 % de césariennes! Au Canada, j'ai visité un hôpital où 30 % des femmes étaient « délivrées» par une césarienne! Quand la possibilité de refuser une césarienne n'existe plus, c'est-à-dire quand l'obstétrique est monopolisée par des gynécologues et des hôpitaux; quand la sage-femme n'existe plus comme pôle opposé à la gynécologue - et nous savons combien ce pôle opposé est important - ou quand la sage-femme n'est plus que l'humble servante de la gynécologue, comme l'infirmière au bloc opératoire est celle du chirurgien, il est inévitable que l'hôpital prenne des habitudes de plus en plus restritives sur la liberté.  

     Pour un hôpital, il est d'ailleurs presque impossible de considérer quelqu'un qui vient frapper à la porte et qui va occuper un lit, autrement que comme un patient. 

     La femme enceinte est généralement appelée patiente, bien qu'elle soit très activement engagée dans un processus qui la désigne comme une femme ayant un peu plus de santé qu'une femme nonenceinte. Elle a subi un test de santé: une femme enceinte n'est donc pas un peu malade, comme certains médecins le pensent, mais un peu plus saine que la femme non-enceinte. C'est déjà une erreur d'appeler cette femme une patiente! Mais que font la plupart des hôpitaux? Ils la traitent aussi comme une patiente. Beaucoup d'hôpitaux, surtout aux Etats-Unis, ont l'habitude d'interdire toute absorption de nourriture et de boisson à la femme, pendant le travail de l'accouchement. Si l'accouchement prend un peu de temps, on lui administre une perfusion; elle vit alors alimentée par intraveineuse, car il pourrait bien arriver une césarienne! Mais une femme qui est couchée dans un lit, avec dans son bras une tubulure de perfusion, et à côte d'elle, une fiole de nourriture liquide qu'elle doit absorber goutte à goutte, sera bientôt dans un état d'âme qui n'a rien de commun avec la bonne humeur qui règne lors d'un enfantement dans une ambiance familiale. 

     Et quand nous nous demandons une nouvelle fois quelle est la place de l'enfantement chez soi en ces temps modernes, nous ne connaissons qu'une seule réponse: l'enfantement à la maison est plus important que jamais, parce que, rétablissant l'équilibre, il est le moyen adéquat de contrebalancer la monopolisation des enfantements dans les hôpitaux, et aussi parce que la possibilité de l'enfantement à la maison contraindra les hôpitaux à tenir compte des désirs justifiés du public. 

Extrait de BAREN (Enfanter)  - Institut Langage du Corps (Pays-Bas). 

les images sont tirées du site internet de l'institut Langage du corps

http://www.stichtinglichaamstaal.nl/nl/index.php?option=com_content&task=view&id=17&Itemid=32





07/02/2013
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