ENFANTER LE LIEN - MERE - ENFANT - PERE- jeannette Bessonart

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203 - le lien au Sahel


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CRÉER DES LIENS  à la naissance dans la famine 

Vivre le lien mère-enfant-père  dans la naissance au Sahel 

MARIE-ÉLISE CARLIER  sage-femme 

     Le Sahel, c'est cette bande de misère et de faim, voilée de sables mouvants, brûlée par la sécheresse, dévorée par les rats et les sauterelles, qui lutte pour sa survie. Il s'étend de l'océan Atlantique à la corne de l'Afrique et se compose de: la Gambie, les Iles du Cap Vert, le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina-Faso, le Niger, le Tchad, le Soudan et l'Ethiopie. 

     Il paraît que le désert y progresse de 10 km par an. Je ne puis le confirmer, mais je sais que le désert nous envahit peu à peu, mange et détruit tous nos biens. 

     Le Sahel, c'est une vaste mosaïque de races et d'ethnies où les sensibilités sont nombreuses et contradictoires, comme les couleurs et les paysages. 

     Je ne voudrais pas succomber à la tentation d'émettre des déclarations catégoriques; je vais seulement m'entretenir avec vous, en me fondant sur mon expérience propre de sage-femme et en me tenant aussi près des faits que possible au sujet de ce qui se passe là-bas. Ma seule référence sera l'attitude des personnes. 

     Il y a le Sahel des riches et celui des pauvres. Je vous parlerai surtout du second. Pour mieux remplir son rôle, la sage-femme doit tenir compte de la compénétration de deux civilisations: l'africaine originelle et la civilisation industrielle. La souplesse est de rigueur ;  et l'étude, même si ce n'est pas en profondeur, l'étude, dis-je, des rites et coutumes, est nécessaire pour éviter d'imposer certaines pratiques modernes qui risquent de ne pas prendre en charge les réalités du milieu. Les populations sahéliennes évoluent dans des sociétés globales (tribales et féodales) qui continuent de croire à une explication mythico-religieuse ou ésotérique, devant leur incapacité de reconnaître le caractère rationnel et positif de certaines innovations technologiques et scientifiques qui envahissent leur vie et permettent, c'est sûr, d'envisager grossesse et accouchement avec plus de sérénité. Au Sahel, on ne fabrique pas sa vie, c'est Dieu et la nature qui la fabriquent. 

     Il est donc délicat de donner une information qui va bouleverser, inévitablement, ce qui est inné et vivace. C'est pourquoi, pour servir dans un pays du Sahel et réussir un accouchement, une sage-femme doit être forte, compétente, rester complémentaire de la nature, prendre en compte les désirs de toute femme en instance d'avoir un bébé et faire attention à ne pas la déphaser au moment où elle assume une loi naturelle, un acte féminin: la reproduction de l'être humain. Tout simplement, la sage-femme doit avoir de grands yeux, de grandes oreilles, une petite bouche, en plus de son diplôme. Son métier est un métier de femme pour les femmes. 

     La société est faite autour du couple, qui n'existe pas sans enfant. Les liens mère/enfant/père sont les plaisirs et les malheurs ordinaires de la vie. Ils ont l'âge de ceux qui les ressentent et les expriment; 1'âge moyen du mariage étant de 14 ans. La pudeur est la base de toute relation. Toute relation mère-enfant sert à façonner 1'enfant. Les grands-parents compulsent, trient, jugent, tous les liens et les ramènent incontestablement à 1'ancestral pour les figer. 

     La grossesse et l'accouchement sont mystère, pudeur, volonté de Dieu ou des Esprits. C'est l'expression de la féminité intérieure de la femme. Les coutumes empêchent d'en parler et bloquent les prévisions: pas de préparation de layette avant l'accouchement et pas de choix de prénom avant le 8ème jour, jour du baptême; pas de jouets: les bouts de seins, les mains, la voix de maman, suffiront. Après, on verra; de toute façon, Dieu y pourvoira ... 

La grossesse, c'est le corps dans le corps. 

     C'est une turbulence croissante dans un ventre ballonné, la mère posera doucement sa main sur son abdomen en vagues pour dire au bébé: calme-toi. Toute émotion est réprimée, et toute curiosité impudique. 

     La femme est très fragile pendant cette période. On lui évite toute contrariété. Ses envies alimentaires doivent être satisfaites pour éviter les taches de naissance au bébé. La grossesse comble la femme et le couple qui refusent d'évaluer les conséquences de la  venue d'un enfant. Un tas de rites et coutumes accompagnent la grossesse; exemple: le clair de lune influe sur la morphologie fœtale et rend la femme frigide, etc. 

L'accouchement, c'est le corps qui sort du corps. 

     Dans la région sahélienne, toute femme sait que son premier devoir de femme et d'épouse est de mettre des enfants au monde pour perpétuer sa race, même au prix de sa vie. Elle sait qu'elle est faite pour accoucher, même si elle n'aime pas accoucher et que chaque accouchement peut être douleurs, cris, pleurs, retenues, pudeurs, joies, déceptions, silences ... Elle ne se marie pas parce qu'elle aime, on la marie ou elle se marie pour avoir des enfants. C'est le sens de sa vie. La stérilité est mal vécue. Accoucher, c'est le tribut que doit payer chaque femme: c'est une résignation ancestrale, une fatalité que toute fille doit accepter et qui l'englue dans un cheminement fait de joies fugaces et de combats rarement victorieux, dans de sourdes déceptions, dans un enfer familial, tout en lui donnant des élans de responsabilité à l'égard du fruit de ses entrailles. 

     Devient-elle philosophe à force de vivre des malheurs entrecoupés de minces honneurs dans un paysage majestueux, mais aride? Avoir des enfants et s'en occuper, c'est le rôle de la femme. Elle est faite pour la maternité et pour toutes les besognes que ses maternités impliquent. L'enfant, c'est sa chair. Il est sorti d'elle. C'est ce qu'elle possède de plus tendre, de plus aimable, de plus noble, de plus important dans sa vie. Et quand c'est un garçon, elle est comblée. Pour se sentir vraiment femme et respectée, la mère sahélienne doit être entourée d'enfants. Ainsi penchée sur eux, elle rêve à la réalisation de ses désirs profonds. Son amour est sans limite, il est simple et essentiel. Elle sait, qu'elle devra après chaque délivrance, se préparer à recommencer. On lui a toujours dit et répété qu'avoir beaucoup d'enfants, c'est gagner la bataille de la vie, que c'est la terre qui supporte leur poids, que les liens du sang donnent et apportent bénédictions et malédictions, que le bonheur et l'égalité ne sont pas des droits pour tout le monde parce qu'il y a des castes, qui font que les maîtres se croient plus bénis que leurs serviteurs élevés dans un complexe d'infériorité dont ils ne peuvent se départir. La servante nourrira l'enfant de ses maîtres, et, quand celui-ci sera repu, elle donnera le peu qui reste à son propre enfant qui, lui, restera sur sa faim. La faim ne pousse pas au dialogue. Au Sahel, l'amour et la haine se boivent aussi au sein. Dans le milieu intellectuel, les enfants sont considérés comme des chevaux de course qui doivent gagner pour conforter le statut acquis et l'honneur tribal. 

     Au Sahel, c'est difficile de décrire un accouchement sans parler des volumes du corps drapé dans des pagnes sombres ou des voiles noirs de circonstance pour cacher la couleur du sang, des senteurs magiques qui éveillent les sens, étouffent l'odeur du sang et chassent les mauvais esprits. Il y a les postures, les douleurs, les torsions, les déchirures, les émotions, les regards, les pudeurs, les potions magiques, les gris-gris, le fatalisme ... 

     La vraie sahélienne ne bronche pas à l'accouchement. Elle ne regarde pas son nouveau-né et évite de connaître son sexe: ce n'est pas à elle de l'annoncer, ni d'ailleurs de choisir le prénom qui lui sera donné le 8e jour. 

     Les Peulhs Alliougabés du Niger adoptent une attitude d'indifférence à l'égard de leur aîné(e), qu'elles n'appelleront jamais par leur prénom. Dans le Sahel, c'est une grand-mère, une tante, ou la personne la plus âgée des accompagnantes qui reçoit dans son pagne, son voile, un linge souvent usagé, le nouveau-né dont on vient de sectionner le cordon. Elle l'accueillera avec des bénédictions et des salutations. 

     Malheureusement, la sécheresse contraint les Sahéliens à construire et à vivre dans un espace limité qui les étouffe. Au cours des nombreux accouchements auxquels j'ai assisté, j'ai remarqué que la femme sahélienne est la plus facilement sujette à la claustrophobie. Elle manque vite d'air dans une pièce fermée, et c'est normal parce que jusque-là elle accouchait dans une paillotte, sous la tente où l'air ne manquait pas. Les plaintes, les cris, les gémissements de la patiente se mêlaient au roulis du vent, au bruit des êtres et des animaux, aux sons du pilon qui tape dans le mortier, écrasant le grain qui, même s'il n'était pas abondant, ne manquait pas. 

     Dans ce cadre familial, l'accouchement est une affaire de femmes. Lafamille et les femmes sont irremplaçables à ce moment précis et dans cette ambiance familiale de femmes, toute naissance est cérémonie ethnique, relative source de joie pudique ou de peine silencieuse. 

     A tort ou à raison, la Sahélienne considère toujours l'accouchement comme un acte féminin naturel. Pourquoi s'affoler? Après tout, le Christ est né dans une étable, le Prophète Mohamed sous une tente, Napoléon sur le divan du salon, Edith Piaf sur un trottoir et tous les chefs d'Etat des pays du Sahel à domicile. La vie, la mort, tout est écrit d'avance. 

     Maintenant, elle accouche dans une maternité périphérique ou centrale, souvent d'équipement insuffisant ou rudimentaire, loin de toute une vie familiale, avec le bruit d'instruments totalement inconnus, entourée d'une équipe de personnes qui tient un langage que souvent elle ne comprend pas. Comment une femme habituée au large du nomadisme n'étoufferait-elle pas? 

En Mauritanie, une femme à terme est rarement seule

       Au moment de l'accouchement, parfois, c'est toute la famille qui est présente. Il arrive que des parents déménagent pour vouloir habiter la maternité, dressent une tente dans la cour du centre médical, campent tout simplement sous le soleil, sous les arbres et dorment à la belle étoile pour entourer un membre de la famille et attendre la naissance d'un parent. Côté présence, assistance morale, rien ne manque totalement. Saufle mari, tenu de desserrer sa ceinture pour faciliter le travail et l'expulsion, tout le monde peut être là, prie, attend la délivrance de la future mère qui, pendant la période du travail, peut obtenir l'exaucement de tous ses désirs, même les plus insensés: j'ai vu apporter dans la salle de travail et même d'accouchement, une chèvre, un mouton, un buffet, un collier de perles de Mauritanie d'une valeur de 15 000 FF, parce que simplement la patiente a pensé, un instant, qu'il lui fallait cela pour hâter sa délivrance. Beau poème qui doit être vécu pour être bien compris, subtilité psychologique qui va compenser tous les plaisirs qu'une femme excisée n'a jamais pu saisir, et cette redéchirure vulvaire que va provoquer l'expulsion. Quand tout se passe bien, c'est un immense bonheur pour tous, l'éclatement d'une crise de joie sobre et silencieuse qui se lit dans les yeux: la pudeur et la discrétion étant de règle pour ne pas ameuter les mauvais esprits. Et un redéménagement heureux se fait en emmenant chez ses parents la maman et son nouveau-né. Même lorsque cela se passe mal parce que Dieu a fait son tri, le fait d'avoir été là et d'avoir apporté du réconfort par sa présence, sa disponibilité, son affection, son amitié, donne le soulagement de n'avoir pas abandonné deux membres de sa famille. 

Au Sahel, tout passe par les relations personnelles et familiales. 
Le ciment du clan est un lien vivant qui doit repousser la mort. 

     Après l'accouchement: pour écarter les mauvais génies, pendant 40 jours, une accouchée et son bébé ne doivent jamais rester seuls dans une maison. Une femme âgée, un adulte, un enfant, se relaient près d'eux et gardent le nouveau-né lorsque la mère s'absente de la pièce où il se trouve. Il n'a pas de berceau, il dort blotti contre le corps de sa maman. La coutume consiste à enterrer le placenta dans, ou devant la case familiale. Les anomalies constatées sur le placenta sont attribuées aux génies. 

Le cordon ombilical occupe, sur le plan mythologique, une place centrale parce qu'il symbolise la chaîne qui relie le nouveau-né à ses ancêtres. Sa longueur sectionnée peut atteindre les genoux du nouveau-né. 

     Selon des intérêts ethniques, le nouveau-né porte tatouages et amulettes pour écarter les malheurs. Le maquillage au khôl des yeux peut faire partie des premiers soins. On fait goûter au nouveau-né une datte mâchée par une femme dont on veut transmettre les vertus, etc. 

     Il ne faut pas s'extasier devant un nouveau-né ou un bébé, cela porte malheur. 

     Mettre au monde un enfant handicapé, malformé, albinos, avec doigts surnuméraires, dents, etc. peut être interprété comme une punition ou la conséquence d'un mauvais sort jeté par de mauvais esprits. 

     Accoucher d'un mort-né peut être considéré comme une punition, la conséquence d'un mauvais sort, d'un choc, d'une maladie, mais aussi comme volonté de Dieu: chacun a sa durée de vie, c'est écrit. 

     Les enfants hors mariage sont difficilement acceptés. Ils ne vivront pas dans les meilleures conditions sociales. Certaines ethnies n'hésitent pas à les supprimer. D'autres les abandonnent. Je n'ai jamais remarqué de vente d'enfants. 

     Une mère qui a plusieurs enfants peut en donner un ou deux à une parente qui ne peut pas en avoir. Dans ce cas, c'est une adoption plénière confirmée par toute la famille et sans contrepartie. 

Le sein: il a une grande importance relationnelle. Ce volume nourricier communie les corps. Il est source de vie et le véritable langage mère-enfant. L'allaitement est nourriture et contraception. Le sevrage signifie parfois le désir d'une nouvelle grossesse. Quand il est brutal, c'est que la femme est enceinte. 

Le baptême: chez la majorité des Sahéliens, le nouveau-né reçoit le baptême à son huitième jour. C'est l'occasion de réjouissances simples ou grandioses. C'est le jour où l'enfant reçoit son prénom inconnu jusque-là. Avec sa mère, ils sont les rois de la !ete. Les griots chantent leur lignée s'ils sont nobles ou riches. 

L'excision: la pratique est vieille et mutilante. Elle peut se faire à partir du 8e jour, pour séparer les éléments mâles des femelles. Toutes les ethnies ne la pratiquent pas. 

La circoncision: elle présente moins de risques que l'excision. Tous les garçons sont circoncis à partir du 8e jour selon le choix des parents. Son rituel s'accompagne de !etes. 

Le port au dos :  c'est le geste primitif du bébé singe qui s'agrippe à la mère. C'est le corps contre le corps, le ventre-à-dos. Il se pratique surtout chez les Négro-Africains. Il peut commencer la semaine suivant la naissance. Le dos de sa mère est le berceau du bébé dans la journée. Sans inquiétude, cela lui permet de vaquer à toutes ses occupations et lui simplifie la vie. Chez les Mauresques beïdanes, chez les Touaregs, chez certaines tribus peulhs et d'autres, l'enfant se porte dans les bras; mais peut-être est-ce parce que les mères ont des servantes pour les porter à leur place. Là, sur le dos, bien blotti dans la cambrure, contre la peau nue de sa mère, il profite de ce nid douillet et humide. Il vit avec sa mère, il participe à tout ce qu'elle fait: il voit tout, il entend tout. Il connaît bien sa mère, leurs cœurs s'entendent battre. Il ne se soucie pas de sa nourriture, le sein est là tout proche. Il s'habituera à la soif parce que sa mère ne transporte pas d'eau, et qu'elle vit au Sahel, où, par manque d'eau, tout Sahélien doit apprendre très tôt à maîtriser la soif et aussi à ne pas mouiller le dos de sa mère pour éviter la lessive. 

     Bébé profitera de cette position tant qu'un autre ne lui ravira pas cette place qui, en fait, le plonge dans le monde du passé parce que, désormais, pour sa mère, l'avenir c'est la prochaine grossesse, c'est devant elle. Ce qu'elle porte au dos la regardera vivre tout en lui collant à la peau. 

La reprise des rapports conjugaux: le plus souvent après l'accouchement, l'époux évite le contact de sa femme et de son bébé pendant au moins 40 jours. Le retour de couches est aussi l'occasion du retour de la mère et de son enfant dans le foyer conjugal. C'est une cérémonie qui ressemble à un mariage. Mais bien vite mère et enfant subissent la loi du père, et quand on subit, on s'épanouit lentement, avec retard ou pas du tout. On ne peut pas progresser. La femme n'a ni choix, ni facilités. Elle n'a pas de travail pour prétendre à la liberté, et c'est ainsi que le plus souvent elle accède à la contraception en cachette. Peut-on jouir de sa sexualité quand on est excisée, troublée, culpabilisée par le remords rongeur d'une contraception libératrice, mais sournoise. 

Le père est le maître absolu de la maison. Voici quelques comportements spécifiques de son caractère de mâle et de ses relations familiales. 

     Par égard pour ses beaux-parents, par pudeur et soumission aux traditions, l'époux se tient à l'écart du déroulement de la grossesse et de l'accouchement en supportant, en principe, la totalité des dépenses que cela entraîne. Il a mal à son porte-monnaie. 

     Par retenue, il ne manifeste ni sa joie, ni sa peine devant le père et la mère de sa femme et doit éviter leur promiscuité. Il mange seul avec ses frères ou beaux-frères. 

     Il doit supporter la mauvaise humeur de la femme enceinte et satisfaire toutes ses envies autant que possible. 

     Il est le mâle, il domine et donne la semence. C'est le taureau qui peut féconder toutes les vaches. Il marque son territoire par l'excision de la femme. 

     Il est imbu de sa force physique et du plaisir qu'il en tire. 

     L'enfant porte le nom de son père, il est sa propriété et lui sera totalement soumis; il est fils, il n'aura jamais de majorité. D'ailleurs, il n'y a pas de liberté de l'enfant par rapport à sa famille et à sa tribu. 

     La famille nombreuse lui apporte le respect du village et la sécurité économique pour ses vieux jours. 

     Il aime ses enfants, mais il ne les connaît pas beaucoup. Le manque d'enfants est une cause de divorce facile. Sa polygamie déchire le foyer, mais satisfait ses désirs et son statut de mâle. 

     C'est l'enfant prodigue de la maison, qui vit de sensations et n'hésite pas à changer de partenaire pour son bon plaisir. Il renie plus facilement son enfant. Il y a plus de pères qui violent leurs filles que de mères qui attentent à la pudeur de leurs fils. 

Enfin, je conclurai ainsi: l'enfant, c'est d'abord un désir qui lie ses parents, puis c'est un trait d'union entre sa mère et son père qui peuvent lui offrir un cadre de vie exceptionnel dans le site naturel qu'est la famille. Il est la cause de tous les rêves. Les rêves sont utiles au Sahel. 

     L'enfant est plus proche de sa mère que de son père. Il ne possède rien de plus fort que l'amour maternel qui peut aller jusqu'à l'abandon. L'ignorance, la pauvreté, les blocages traditionnels dans lesquels s'impliquent intimement les tabous, les superstitions, les croyances, les religions, font que ces besoins sont souvent mal compris ou pas compris du tout. Cependant, ils sont une réalité que, tôt ou tard, il faudra regarder en face. 

     La grand-mère, la tante, la mère, sont les trois piliers féminins de la famille. Ce sont elles qui nouent toutes les relations et règlent le protocole de la périnatalité. Elles sont la garantie des lois ancestrales, tribales, que grignotent de plus en plus l'exode rural et la scolarisation. 
     Au Sahel, les liens mère/enfant/père sont des liens naturels instinctifs et de survie. C'est une histoire vivante et quotidienne. Le père, la mère et l'enfant vivent l'amour, l'affection, sans prendre le temps de les vivre, mais aussi la jalousie, la haine qui sont tenaces, bonnes veilleuses et terrifiantes surtout quand elles sont arrosées par la faim qui rend le dialogue impossible. Malgré la voie du sang, ces liens ne sont pas gagnés d'avance. C'est toujours difficile d'aimer et de communiquer. 




07/02/2013
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