ENFANTER LE LIEN - MERE - ENFANT - PERE- jeannette Bessonart

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225 - la mort des mères en couches


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La mortalité maternelle en couches . il faut faire quelque chose 

Pr EMILE PAPIERNIK, gynécologue-obstétricien 

     Le mouvement des Sages-Femmes du Monde, que je veux encourager par mon soutien et utiliser dans une action commune, me paraît important pour combattre la mortalité des mères en couches. La volonté de rassembler et d'unifier les sages-femmes du monde me semble formidablement prometteuse en capacités d'action. 

     Mon avis est que nous ne pouvons pas rester indifférents aux différences, à ce qui se passe ici et ailleurs. Nous ne pouvons pas seulement profiter de notre situation de luxe sans nous rendre compte que les choses peuvent se passer autrement et ailleurs, sans nous rendre compte que les conditions de naissance dans le monde ne sont pas du tout optimales. Depuis quelques années, pour ce qui est de moi, j'ai découvert le problème de la mortalité maternelle et des morts en couches. Je dis bien, à ma grande honte, découvert le problème parce que j'ai été professeur d'obstétrique pendant de nombreuses années sans me rendre compte de ce qui se passait là. 

     C'est à l'occasion d'un voyage à Dakar et d'une conférence sur la prévention de la prématurité que j'ai découvert que des femmes mouraient en couches, au Sénégal, au taux de 1 pour 100 naissances. C'est impossible à supporter surtout quand on vous dit : « oui, une à deux femmes par semaine meurent dans le service, cinq cents morts maternelles ont eu lieu en dix ans d'activité du service ». 

     J'ai été infiniment impressionné en pensant impossible de continuer de vivre sans essayer de faire quelque chose. 

     Je me suis aperçu que, dans le monde, 500000 femmes meurent chaque année en couches. C'est comme si, un avion rempli de 250 femmes enceintes ou ayant accouché, tombait toutes les 4 heures et que tout le monde mourait; et on n'en parle pas! Ce qu'il y a d'extraordinaire et d'invraisemblable, c'est que si effectivement des avions tombaient, on en parlerait. Cela finirait par être écrit dans les journaux et on dirait: il faut faire quelque chose. 

     Mais là, on parle d'inondation dans un endroit, d'une famine ailleurs, mais on ne parle pas de ce phénomène scandaleux, fantastique et incroyable, de cette mortalité maternelle. 

 Il faut faire quelque chose, et c'est lié au travail des Sages-Femmes du Monde: 80 % des naissances dans le monde n'ont aucune aide qualifiée. Selon l'OMS, 70 à 80 % des femmes dans le monde accouchent sans présence d'une sage-femme (ou d'un médecin). Je suis certain que les sages-femmes et un mouvement comme les Sages-Femmes du Monde, peuvent avoir un rôle immense à jouer dans l'évolution qui doit se faire. 

     Premier rôle: prise de conscience entre nous. Il faut être convaincu et dire qu'il n'est pas possible que cette situation perdure; mobilisation est le minimum que je puisse vous demander. 

     Deuxième rôle: l'obligation absolue de mobiliser les organisations féminines dans le monde, et les sages-femmes peuvent être en tête de cette évolution. Et moi, je ne peux que proposer mon aide. 

     Les sages-femmes du monde peuvent aider à ce que les femmes du monde considèrent qu'elles ont le droit de réclamer un changement de cette situation. 

     En ce 200e anniversaire de la Déclaration des droits de l'homme, je crois qu'on peut réclamer que les femmes puissent avoir plus de respect, plus de considération pour leur santé, pour leur vie, et qu'elles puissent avoir le droit de ne pas mourir en couches. 

Les sages-femmes peuvent participer, offrir une aide technique adaptée aux accouchements dans le monde, offrir une sécurité qui n'existe pas souvent. J'ai fait un travail progressif dès 1985 avec l'OMS, avec la Banque mondiale pour faire prendre conscience du problème de la mortalité maternelle. A Nairobi, en février 1987, pour le 10e anniversaire de la Décade des Femmes dont le thème était la réduction de la mortalité maternelle, les échanges furent très constructifs. 

Quelque chose est en train de bouger au niveau de cette prise de conscience. Je vous propose d'y participer. Vous y serez les bienvenues. 


07/02/2013
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